
Un café à deux euros qui redevient la règle, pas l’exception : voilà peut-être ce que réserve 2025. Après des années où chaque passage en caisse ressemblait à un coup de massue, les étiquettes pourraient enfin cesser leur escalade absurde. Les économistes, longtemps sur le fil du rasoir, entrevoient enfin une inflation qui desserre l’étau.
Derrière cette accalmie, la prudence domine. Les traces de l’inflation ne s’effacent pas d’un trait. Jusqu’où le mouvement de recul peut-il s’étendre, et avec quelles conséquences concrètes ? Ménages et entreprises, échaudés par la hausse des prix, scrutent les perspectives à la loupe. Les prochains mois s’annoncent imprévisibles, entre bras de fer sur les salaires et ajustements politiques parfois contradictoires.
Plan de l'article
Inflation en 2025 : vers un retour à la normale ?
L’inflation, longtemps tenace, cède enfin du terrain. En France, l’inflation annuelle s’orienterait vers 1,6 % en 2025, selon la Banque de France, loin des 5,2 % atteints en 2022 et en progression par rapport à 2,4 % en 2024. L’Insee va même plus loin : il annonce une inflation limitée à 1 % en juin 2025. Quant à l’inflation sous-jacente, elle resterait maîtrisée, sans franchir 2,2 %. Ce n’est pas un cas isolé : la zone euro suit une trajectoire similaire avec une estimation à 2,3 % et un atterrissage progressif vers la fameuse cible des 2 % fixée par la BCE pour 2026-2027.
La Banque centrale européenne récolte les premiers fruits de sa politique monétaire : pour la première fois depuis la crise sanitaire, ses prévisions épousent la courbe de la stabilité des prix. La Banque de France, elle aussi, se montre optimiste. Sauf surprise fiscale, elle envisage une inflation glissant jusqu’à 1,4 % dès l’année suivante.
Voici ce qui explique ce mouvement :
- En France, l’accalmie s’explique principalement par la détente sur les prix de l’énergie et des matières premières.
- La croissance du PIB reste modérée, ce qui freine la hausse des prix.
De l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis restent légèrement au-dessus, avec une inflation CPI attendue à 2,7 % fin 2024. Mais la tendance générale ne trompe personne : la pression retombe, même si chaque région garde ses spécificités. Le retour à la normale s’annonce plus concret que jamais, les chiffres le montrent.
Quels facteurs expliquent la tendance à la baisse des prix ?
Le recul de l’inflation doit beaucoup à la baisse des prix de l’énergie et des matières premières. Après les flambées de 2022, le reflux sur les marchés internationaux se retrouve sur les factures d’électricité, de gaz, ou dans le prix du panier alimentaire. Toute l’Europe en bénéficie : la pression sur les prix à la consommation s’allège sensiblement.
La politique monétaire de la BCE a également pesé dans la balance. En relevant ses taux directeurs en 2022 et 2023, la banque centrale a contracté le crédit, refroidi l’investissement, et tempéré la demande. Désormais, la BCE commence à abaisser ses taux, mais reste vigilante pour éviter de raviver l’inflation. Cet équilibre délicat a permis d’ancrer l’inflation autour des 2 % recherchés.
Plusieurs autres éléments participent à ce mouvement, comme le montre la liste ci-dessous :
- Le ralentissement du commerce mondial, accentué par les incertitudes et le protectionnisme américain, pèse sur la croissance et réduit la capacité des entreprises à répercuter les hausses de coûts.
- En France, le déficit public élevé et la prudence de l’investissement privé limitent la reprise de la demande intérieure, maintenant la pression sur les prix à un niveau bas.
Certains choix fiscaux, hausse de la TICFE, augmentation du ticket modérateur, ou taxe sur les billets d’avion, pourraient freiner la baisse. La Banque de France distingue soigneusement les scénarios : avec ou sans ces hausses, l’écart sur l’inflation prévue en 2025 atteint 0,2 point.
Ce que cela pourrait changer pour les ménages et les entreprises
Avec le recul de l’inflation entamé depuis deux ans, les perspectives s’améliorent pour les ménages. En 2025, la progression des salaires nominaux devrait tourner autour de 2,8 % alors que la Banque de France table sur une inflation à 1,6 %. Ce différentiel, inédit depuis des années, pourrait offrir un peu de répit au pouvoir d’achat. Reste à rappeler que la hausse de certaines taxes (TICFE, billets d’avion, ticket modérateur) viendra réduire ce bénéfice.
Voici comment la situation devrait évoluer pour les ménages et la croissance :
- La consommation des ménages devrait redevenir le principal moteur de l’activité, compensant la faiblesse persistante de l’investissement privé.
- Les mesures budgétaires risquent toutefois de freiner l’élan, limitant l’amélioration du pouvoir d’achat.
Côté entreprises, le tableau reste nuancé. La baisse des coûts de production, grâce à la détente sur l’énergie et les matières premières, procure un souffle bienvenu. Mais l’environnement reste instable : la demande intérieure ne repart pas franchement, freinée par la prudence des ménages et la montée du chômage. Les défaillances d’entreprises amorcées en 2024 pourraient se poursuivre, notamment dans les secteurs fragiles, soumis à la hausse des charges et à la réduction des exonérations sociales.
Le marché de l’emploi amorce sa mue : suppressions de postes, ralentissement de l’apprentissage, coup de frein dans le secteur public. Les sociétés ajustent leur stratégie, dans l’espoir d’éviter les dégâts, mais sans attendre de miracle immédiat. Le véritable redémarrage, espéré pour 2026-2027, dépendra de la capacité des entreprises à absorber ces secousses.
La page de l’inflation galopante se tourne, mais l’histoire ne s’arrête pas là. Entre promesses de stabilité et fragilités persistantes, 2025 s’annonce pleine de tensions et d’incertitudes. Reste à voir si, dans la réalité des cafés et des marchés, le prix affiché suivra vraiment la tendance des graphiques.
 
			


























































